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les aventures de hassân al-bassri
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vertu ! Remercions plutôt Allah qui a fait compatir son cœur à ma condition ! » À ces paroles, la mère ne répondit plus rien. Et Hassân ne put fermer l’œil cette nuit-là, tant il était perplexe et impatient.

Le lendemain, il se rendit de bonne heure au souk avec ses clefs, et ouvrit sa boutique avant tous les autres marchands. Et, aussitôt, il vit entrer le Persan ; et il se leva vivement en son honneur et voulut lui baiser la main ; mais il s’y refusa, et le serra dans ses bras et lui demanda : « Es-tu marié, ô Hassân ? » Il répondit : « Non, par Allah ! je suis célibataire, bien que ma mère ne cesse de me pousser du côté du mariage ! » Le Persan dit : « Alors, c’est excellent ! Car si tu avais été marié, tu n’aurais jamais pu entrer dans l’intimité de mes connaissances ! » Puis il ajouta : « Mon fils, as-tu du cuivre dans ta boutique ? » Il dit : « J’ai là un vieux plateau tout ébréché, en cuivre jaune ! » Il dit : « C’est cela même qu’il me faut ! Commence donc par allumer ton fourneau, mets ton creuset sur le feu et fais marcher tes soufflets ! Puis, prends ce vieux plateau de cuivre et coupe-le en petites pièces avec tes ciseaux ! » Et Hassân se hâta d’exécuter l’ordre. Et le Persan lui dit : « Mets à présent ces morceaux de cuivre dans le creuset, et active le feu jusqu’à ce que tout ce métal devienne liquide ! » Et Hassân jeta les morceaux de cuivre dans le creuset, activa le feu et se mit à souffler avec le roseau à air sur le métal, jusqu’à liquéfaction. Alors, le Persan se leva et s’approcha du creuset et ouvrit son livre et lut sur le liquide bouillant des formules en une langue inconnue ; puis, élevant la voix, il cria : « Hakh ! makh !