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les mille nuits et une nuit

du baiser, parfums ! Odeur de peau suprême, chaleur de creux, ô fraîcheur, mille baisers !

Mais vous, censeurs, qui me blâmez, ah ! si vous la connaissiez ! Voici ! Je vous dirai toute mon ivresse, et peut-être comprendrez-vous !

Son immense chevelure, couleur de nuit, triomphale s’éploie sur la blancheur de son dos jusqu’à terre. Mais les roses, sur ses joues incendiaires, allumeraient l’enfer.

Ses sourcils déliés sont un arc précieux ; ses paupières, chargées de flèches, tuent ; et chacun de ses regards est un glaive.

Sa bouche est un flacon de vin vieux ; sa salive est une eau de fontaine ; ses dents sont un collier de perles fraîchement cueillies de la mer.

Son cou, comme le cou de l’antilope, est élégant et admirablement taillé ; sa poitrine est une table de marbre sur laquelle reposent deux coupes renversées.

Son ventre a un creux embaumant les parfums les plus riches ; et en dessous, frontière de mon attente, gras et dodu, haut comme un trône de roi, assis entre deux colonnes de gloire, celui-là qui est la folie des plus sages.

Tantôt lisse, tantôt barbu, il est si sensible qu’il s’effarouche, comme un mulet, quand on le touche.

Son œil est rouge, ses lèvres sont charnues et douces, son museau est frais et charmant.

Si tu t’en approches avec vaillance, tu le trouves chaud, solide, résolu et somptueux, ne redoutant ni les fatigues, ni les assauts, ni les batailles.

Ainsi tu es, ô Zein Al-Mawassif, complète en charmes et en courtoisie. Et c’est pourquoi je n’ou-