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les mille nuits et une nuit

saient, il se hâta de fréquenter les adolescents de son âge et en leur compagnie, ne tarda pas à manger en festins et en dissipations les économies de son père. Et il ne lui resta plus rien entre les mains. Alors sa mère, dont le cœur était compatissant, ne put souffrir de le voir attristé, et, avec sa propre part d’héritage, lui ouvrit une boutique d’orfèvre dans le souk.

Or, la beauté de Hassân attira bientôt vers la boutique, avec l’assentiment d’Allah, les yeux de tous les passants ; et nul ne traversait le souk sans s’arrêter devant la porte pour contempler l’œuvre du Créateur, et s’en émerveiller. Et, de la sorte, la boutique de Hassân devint le centre d’un attroupement continu de marchands, de femmes et d’enfants, qui se réunissaient là, pour lui voir manier le marteau d’orfèvre et l’admirer tout à leur aise.

Or, un jour d’entre les jours, comme Hassân était assis à l’intérieur de sa boutique, et qu’au dehors l’attroupement habituel commençait à s’épaissir, vint à passer par là un Persan avec une grande barbe blanche et un grand turban de mousseline blanche. Son maintien et sa démarche indiquaient assez que c’était un notable et un homme d’importance. Et il tenait à la main un vieux livre. Et il s’arrêta devant la boutique et se mit à regarder Hassân avec une attention soutenue. Puis il s’avança plus près de lui et dit, de façon à en être entendu : « Par Allah ! quel excellent orfèvre ! » Et il se mit à branler la tête avec les signes les plus évidents d’une admiration sans bornes. Et il resta là, sans bouger, jusqu’à ce que les passants se fussent dispersés pour la prière de l’après-midi. Alors, il entra dans la bou-