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les mille nuits et une nuit

… Et voilà pour eux deux !

Quant au khalifat ! Lorsqu’il eut terminé la séance du diwân, que d’ailleurs il abrégea ce jour-là, il se hâta d’emmener Massrour et d’aller au palais de Sett Zobéida lui faire ses condoléances au sujet de la mort de son esclave favorite. Et il entr’ouvrit la porte de l’appartement de son épouse, et la vit, étendue sur son lit et entourée de ses suivantes qui lui séchaient les yeux et la consolaient. Et il s’approcha d’elle et lui dit : « Ô fille de l’oncle, puisses-tu vivre les années perdues par ta pauvre favorite Canne-à-Sucre ! » À ce compliment de condoléance, Sett Zobéida, qui attendait l’arrivée du khalifat pour lui dire elle-même ses compliments de condoléance au sujet de la mort d’Aboul-Hassân, fut extrêmement surprise, et, croyant que le khalifat avait été mal informé, s’exclama : « Préservée soit la vie de ma favorite Canne-à-Sucre, ô émir des Croyants ! C’est à moi plutôt à prendre part à ton deuil ! Puisses-tu vivre, et longtemps survivre à ton compagnon, le défunt Aboul-Hassân ! Si tu me vois, en effet, si affligée, ce n’est qu’à cause de la mort de ton ami, et non point de celle de Canne-à-Sucre qui est, béni soit Allah ! en bonne santé ! »

À ces paroles, le khalifat, qui avait toutes les raisons les meilleures pour croire qu’il avait été bien informé de la vérité, ne put s’empêcher de sourire ; et, se tournant vers Massrour, il lui dit : « Par Allah ! ô Massrour, que penses-tu de ces paroles de ta maîtresse ? Elle, si sensée et si sage d’ordinaire, voici qu’elle a des absences d’esprit, tout comme les autres femmes ! Tant il est vrai qu’elles sont toutes les mêmes, en