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les mille nuits et une nuit

tour du second compère ! Celui-ci, qui est un bouffon et un sot ridicule, tu ne lui feras pas subir d’autre punition que la suivante : tu feras construire par un menuisier habile une chaise faite d’une façon telle qu’elle puisse voler en éclats chaque fois que l’homme en question viendra s’y asseoir, et tu le condamneras à s’asseoir toute sa vie sur cette chaise-là ! Va ! Et exécute mes ordres ! »

En entendant ces paroles, le chef de la police Ahmad-la-Teigne, qui avait reçu de Giafar l’ordre d’exécuter tous les commandements qu’il recevrait d’Aboul-Hassân, mit la main sur sa tête, pour bien indiquer par là qu’il était prêt à perdre lui-même la tête, s’il n’exécutait pas ponctuellement les ordres reçus. Puis il embrassa la terre une seconde fois entre les mains d’Aboul-Hassân et sortit de la salle du trône.

Tout cela ! Et le khalifat, en voyant Aboul-Hassân s’acquitter avec tant de gravité des prérogatives de la royauté, éprouva un plaisir extrême. Et Aboul-Hassân continua à juger, à nommer, à destituer, et à terminer les affaires pendantes, jusqu’à ce que le chef de la police fût de retour au pied du trône. Et il lui demanda : « As-tu exécuté mes ordres ? » Et le chef de la police, après s’être prosterné comme à l’ordinaire, tira un papier de son sein et le présenta à Aboul-Hassân qui le déplia et le lut en entier. Or c’était précisément le procès-verbal de l’exécution des trois compères, signé par les témoins légaux et par des personnes bien connues dans le quartier. Et Aboul-Hassân dit : « C’est bien ! Je suis satisfait ! Ainsi soient à jamais punis les calomniateurs, les