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histoire du dormeur éveillé
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d’or, pour qu’elle ne tombât pas sur le lit ou sur le tapis ; puis il essuya le nez et le visage d’Aboul-Hassân et l’aspergea d’eau de roses. Et Aboul-Hassân finit par sortir de son assoupissement et, s’éveillant, il ouvrit les yeux,

Et il se vit d’abord dans un lit magnifique dont la couverture était recouverte d’un brocart d’or rouge constellé de perles et pierreries ! Et il leva les yeux et se vit dans une grande salle aux murs et au plafond recouverts de satin, avec des portières de soie, et, dans les angles, des vases d’or et de cristal ! Et il jeta les yeux autour de lui et se vit entouré de jeunes femmes et de jeunes esclaves inclinés, d’une beauté ravissante ; et, derrière eux, il aperçut la foule des vizirs, des émirs, des chambellans, des eunuques noirs et des joueuses d’instruments prêtes à toucher les cordes harmonieuses et à accompagner les chanteuses disposées en cercle sur une estrade. Et, tout près de lui, sur tabouret, il reconnut, à leur couleur, les habits, le manteau et le turban de l’émir des Croyants.

Lorsque Aboul-Hassân eut vu tout cela, il referma les yeux pour se rendormir, tant il fut persuadé qu’il se trouvait sous l’effet d’un rêve. Mais, au même moment, le grand-vizir Giafar s’approcha de lui et, après avoir embrassé la terre trois fois, lui dit d’un ton respectueux : « Ô émir des Croyants, permets à ton esclave de t’éveiller, car c’est l’heure de la prière du matin ! »

À ces paroles de Giafar, Aboul-Hassân se frotta les yeux à diverses reprises, puis se pinça le bras si cruellement qu’il poussa un cri de douleur, et se