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les mille nuits et une nuit


MAIS LORSQUE FUT
LA SIX CENT VINGT-CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

« … et rien ne me sera difficile à réaliser, avec l’aide d’Allah ! »

À ces paroles du khalifat déguisé en marchand, Aboul-Hassân, sans se troubler ou manifester le moindre étonnement, répondit : « Par Allah ! ô mon hôte, mon œil est déjà rassasié grâce à ta vue, et tes bienfaits seraient un supplément. Je te remercie donc de ton vouloir à mon égard, mais comme je n’ai aucun désir à satisfaire ni aucune ambition à réaliser, je suis fort perplexe pour répondre à tes avances ! Car mon sort me suffit, et je ne souhaite plus rien que de vivre comme je vis, sans avoir jamais besoin de personne ! » Mais le khalifat reprit : « Par Allah sur toi, ô mon maître, ne repousse pas mon offre, et laisse ton âme exprimer un désir, afin que je le satisfasse ! Sinon je partirais d’ici le cœur bien torturé et bien humilié ! Car un bienfait que l’on a éprouvé est plus lourd à porter qu’un méfait, et l’homme bien né doit toujours rendre le bien en mesure double ! Ainsi donc parle et ne crains point de me rebuter ! »

Alors Aboul-Hassân, voyant qu’il ne pouvait faire autrement, baissa la tête et se mit à réfléchir profon-