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les mille nuits et une nuit

longtemps sa jalousie et sa fureur. Et elle cria à ses amazones : « Ramassez cet adamite, et allez le jeter hors de la ville ! » Et les gardes exécutèrent l’ordre, et emportèrent Hassân et allèrent le jeter sur le rivage, hors de la ville. Puis la reine se tourna vers sa sœur, qu’on avait fait revenir de son évanouissement, et lui cria : « Ô débauchée ! comment as-tu fait pour connaître cet adamite ? Et quelle conduite criminelle tu as eue, de toutes les manières ! Tu t’es non seulement mariée sans le consentement de ton père et de ta famille, mais tu as encore abandonné ton époux et quitté ta maison ! Et tu as de la sorte avili ta race et la noblesse de ta race ! Or, cette ignominie ne peut se laver que dans ton sang ! » Et elle cria à ses femmes : « Apportez une échelle, et attachez-y cette criminelle par ses longs cheveux, et frappez-la de verges jusqu’au sang ! » Puis elle sortit avec ses sœurs de la salle des audiences, et alla dans sa chambre écrire au roi son père une lettre, dans laquelle elle lui apprenait, dans tous ses détails connus, l’histoire de Hassân avec sa sœur, et lui apprenait, en même temps que la honte qui rejaillissait sur toute la race des genn, le châtiment qu’elle avait cru devoir infliger à la coupable. Et elle termina sa lettre en demandant à son père de lui répondre au plus tôt pour lui dire son avis sur la punition définitive à infliger à la fille criminelle. Et elle confia la lettre à une rapide messagère, qui se hâta d’aller la porter au roi.

Lorsque le roi lut la lettre de Nour Al-Houda, il vit le monde noircir devant ses yeux et, indigné à la limite de l’indignation de la conduite de sa plus