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les aventures de hassân al-bassri
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mesure soit comble ! » Mais, en secret, la princesse Nour, malgré la sévérité de son attitude, avait été remuée dans ses entrailles par la beauté de Hassân, et elle ne demandait pas mieux que d’expérimenter son savoir, aussi bien en vers qu’en ce qui s’en suit toujours. Donc elle feignit de se laisser convaincre par les paroles de sa nourrice et, levant son voile, elle montra son visage à découvert.

À cette vue, Hassân jeta un si grand cri, que le palais en fut ébranlé ; et il tomba sans connaissance. Et la vieille lui prodigua les soins nécessaires et le rappela à lui ; puis elle lui demanda : « Qu’as-tu donc, mon fils ? Et qu’as-tu vu pour être si troublé ! » Et Hassân répondit : « Ah ! qu’ai-je vu, ya Allah ! La reine elle-même est mon épouse, ou, du moins, elle ressemble à mon épouse comme la moitié d’une fève divisée ressemble à sa sœur ! » Et la reine, en entendant ces paroles, se mit à rire tellement qu’elle se renversa sur le côté, et dit : « Ce jeune homme est fou ! Il dit que je suis son épouse ! Par Allah, et depuis quand les vierges sont-elles fécondées sans le secours du mâle, et ont-elles des enfants de l’air du temps ? » Puis elle se tourna vers Hassân et lui dit en riant : « Ô mon chéri, veux-tu au moins me dire, afin que je l’apprenne, en quoi je ressemble à ton épouse, et en quoi je ne lui ressemble pas ? Car je vois que tout de même tu es dans une grande perplexité à mon sujet ! » Il répondit : « Ô souveraine des rois, asile des grands et des petits, c’est ta beauté qui m’a rendu fou ! Car tu ressembles à mon épouse par les yeux plus lumineux que des étoiles, par la fraîcheur de ton teint, par l’incarnat de