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les aventures de hassân al-bassri
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proportion, extrêmement menu. Et elle pensa : « Par Allah ! c’est la première fois que je vois un oiseau avec des choses comme ça ! » Et elle se mit à manipuler Hassân et à le tourner et retourner dans tous les sens, en s’émerveillant de ce qu’elle découvrait en lui à chaque instant. Et Hassân était dans ses mains exactement comme un moineau entre les mains du chasseur. Et la jeune géante, voyant que sous ses doigts le concombre se changeait en courge, se mit à rire tellement qu’elle se renversa sur le côté. Et elle s’écria : « Quel oiseau étonnant ! Il chante comme les oiseaux, et se comporte avec les femmes aussi poliment que les hommes géants ! » Et comme elle voulait lui rendre égard pour égard, elle le prit tout contre elle, et se mit à le caresser partout comme s’il était un homme, lui faisant mille propositions, non en paroles, car un oiseau n’aurait pu les entendre, mais en gestes et en actions, si bien qu’il se comporta avec elle tout à fait comme un moineau avec sa moinelle. Et de ce moment Hassân devint l’oiseau de la fille du roi !

Or, Hassân, bien que cajolé et gâté et dorloté comme un oiseau, et en dépit de ce qu’il éprouvait au milieu des somptuosités de la géante, fille du roi, et de ce qu’il lui faisait d’ailleurs sentir, à son tour, et malgré tout le bien-être où il vivait dans sa cage, où la princesse l’enfermait chaque fois qu’elle avait fini sa chose avec lui, était loin d’oublier son épouse Splendeur, fille du roi-des-rois du Gennistân, et les îles Wak-Wak, but de son voyage, dont il savait n’être plus très éloigné ! Et, pour se tirer d’embarras, il aurait volontiers fait usage du tambour