Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
les mille nuits et une nuit

Alors, le géant se hâta de mettre Hassân dans une cage, avec deux grandes tasses, une pour la nourriture, et une pour l’eau. Et il lui mit également deux perchoirs, afin qu’il pût sauter et chanter à son aise ; et il le porta dans la chambre de la fille du roi, et le suspendit à son chevet.

Lorsque la fille du roi vit Hassân, elle fut charmée de sa figure et de ses formes jolies, et se mit à lui faire mille caresses et à le gâter de toutes les façons. Et elle lui parlait d’une voix très douce, pour l’apprivoiser, bien que Hassân ne comprît rien à son langage. Mais comme il voyait qu’elle ne lui voulait pas de mal, il essaya de l’attendrir sur sa destinée, en pleurant et en gémissant. Et la princesse prenait chaque fois ses gémissements et ses soupirs pour des chants harmonieux ; et elle en éprouvait un plaisir extrême. Et elle finit par éprouver pour lui une inclination extraordinaire ; et elle ne pouvait plus le quitter à aucune heure du jour ou de la nuit. Et elle sentait, en l’approchant, que tout son être travaillait à son sujet. Et elle ne comprenait pas ce que l’on pouvait bien faire avec un si petit oiseau, en fait de manifestations. Et souvent elle lui faisait des signes, et lui parlait par gestes ; mais, lui non plus, ne la comprenait pas, et il était loin de deviner tout le parti que l’on pouvait tirer d’une adolescente, géante, à la vérité, mais si avenante.

Or, un jour, la fille du roi tira Hassân de la cage pour le nettoyer et le changer d’habits. Et lorsqu’elle l’eut déshabillé, elle vit, ô prodigieuse découverte ! qu’il n’était pas du tout dépourvu de ce qu’avaient les géants de son père, bien que tout cela fût, en