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les mille nuits et une nuit

d’Iram. Or c’était un géant, et la tente que Hassân voyait n’était autre chose que son oreille, laquelle lui servait de tente-abri contre le soleil. Et le géant, réveillé ainsi de son sommeil, se leva en mugissant, et se mit dans une telle colère qu’il se gonfla le ventre de son haleine, avec des efforts de cul si considérables que son fondement en gémit à travers : ce qui produisit, sous forme de tonnerre, une suite de pets extraordinaires, dont Hassân fut projeté la face contre terre, puis lancé en l’air avec, de terreur, les yeux à l’envers ! Et, avant qu’il fût retombé sur le sol, le géant l’attrapa au vol par le col, à l’endroit où la peau est le plus molle, et le tint, par la force de son bras, suspendu en l’air comme le moineau dans la serre du faucon. Et il se disposa, le faisant tournoyer à tour de bras, à l’aplatir contre terre en lui broyant les os et faisant ainsi entrer sa longueur dans sa largeur.

Lorsque Hassân vit ce qui allait lui arriver, il se débattit de toutes ses forces et s’écria : « Ah ! qui me sauvera ? Ah ! qui me délivrera ? Ô géant, aie pitié de moi ! » En entendant ces cris de Hassân, le géant se dit : « Par Allah ! Il ne chante pas mal, ce petit oiseau-là ! Et son gazouillement me plaît. Aussi vais-je de ce pas le porter à notre roi ! » Et il le tint délicatement par un pied, de peur de l’abîmer, et pénétra dans une épaisse forêt où, au milieu d’une clairière, assis sur un rocher qui lui tenait lieu de trône, se tenait le roi des géants de la terre de camphre blanc. Et il était environné de ses gardes, qui étaient cinquante géants hauts chacun de cinquante coudées. Et celui qui tenait Hassân s’appro-