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les mille nuits et une nuit

manuscrits et lisaient ou réfléchissaient. Mais lorsque le cheikh Ali Père-des-Plumes fut entré, tous ces vénérables personnages se levèrent en son honneur ; et les quatre savants principaux quittèrent leurs angles et vinrent s’asseoir auprès de lui, au milieu de la salle. Et lorsque tout le monde eut pris sa place, Cheikh Ali se tourna vers Hassân et lui dit de raconter son histoire devant cette assemblée de sages.

Alors Hassân, bien ému, commença d’abord par verser des larmes en torrents ; puis, ayant pu les sécher, il se mit à raconter, d’une voix entrecoupée de sanglots, toute son histoire depuis son enlèvement par Bahram le Guèbre, jusqu’à sa rencontre avec le cheikh Abd Al-Kaddous, disciple du cheikh Père-des-Plumes et oncle des sept princesses. Et, pendant tout ce récit, les sages ne l’interrompirent point ; mais lorsqu’il eut fini, ils s’écrièrent tous à la fois, en se tournant vers leur maître : « Ô vénérable maître, ô fils de la reine Balkis, le sort de ce jeune homme est digne de pitié, car il souffre et comme époux et comme père. Et peut-être pouvons-nous contribuer à lui rendre cette jouvencelle si belle et ces deux enfants si beaux ! » Et le cheikh Ali répondit : « Mes vénérables frères, c’est là une grande affaire. Et vous savez comme moi combien il est difficile d’arriver aux îles Wak-Wak, et combien il est plus difficile encore d’en revenir. Et vous savez toute la difficulté qu’il y a, une fois que l’on est dans ces îles après tous les obstacles franchis, à approcher des amazones vierges, gardiennes du roi-des-rois des genn et de ses filles. Dans ces conditions,