Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
les mille nuits et une nuit

ô vizir ! » Puis le roi envoya mander le médecin qui se présenta joyeux, ignorant ce qu’avait décidé le Clément. — Le poète dit en vers :

Ô toi, qui redoutes les coups du Destin, tranquillise-toi ! Ne sais-tu que tout est entre les mains de Celui qui a formé la terre ?

Car ce qui est écrit est écrit et ne s’efface point ! Et quant à ce qui n’est pas écrit, tu n’as point à le redouter.

Et toi, Seigneur ! pourrais-je jamais passer un jour sans chanter tes louanges ! Et pour qui réserverais-je le don merveilleux de mon style rythmé et ma langue de Poète !

Chaque nouveau don que je reçois de tes mains, Seigneur, est plus beau que le précédent, et me vient même avant son désir !

Aussi, comment pourrais-je ne point chanter ta gloire, toute ta gloire, et te louer en mon âme et en public !

Mais, je dois te l’avouer, jamais ma bouche n’aura d’éloquence assez belle, mon dos assez de force, soit pour chanter, soit pour porter les bienfaits dont tu m’as comblé !

Ô toi, qui es dans la perplexité, remets tes affaires entre les mains d’Allah, le seul Sage ! Et cela fait, ton cœur n’a plus rien à redouter de la part des hommes.

Sache aussi que rien ne se fait par ta volonté, mais par la volonté seule du Sage des Sages !

Ne désespère donc jamais, et oublie toutes les tristesses et tous les soucis ! Ne sais-tu que les soucis usent le cœur du plus ferme et du plus fort ?