Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du marchand avec l’éfrit
35

celé. Et moi je suis capable de le délivrer. » À ces paroles, le père dit : « Par Allah sur toi ! ô ma fille, délivre-le ! » Elle prit une cruche d’eau et, après avoir murmuré sur cette eau quelques paroles, elle m’aspergea avec quelques gouttes, et dit : « Sors de cette forme-ci et reviens à ta forme première ! » Alors je revins à ma forme première, et je baisai la main de la jeune fille, et je dis : « Je désire maintenant que tu ensorcelles mon épouse comme elle m’a ensorcelé. » Elle me donna alors un peu d’eau et me dit : « Si tu trouves ton épouse endormie, arrose-la avec cette eau, et elle deviendra selon ton désir ! » En effet, je la trouvai endormie, je l’aspergeai avec l’eau, et je dis : « Sors de cette forme-ci et deviens l’image d’une mule ! » Et à l’heure même elle devint mule.

Et c’est elle-même que tu vois là de ton propre œil, ô sultan et chef des rois des genn ! »

Alors le genni se tourna vers la mule et lui dit : « Est-ce vrai cela ? » Et elle se mit à hocher la tête et dit par signe : « Oh oui ! oh oui ! cela est vrai. »

Toute cette histoire fit que le genni se convulsa d’émotion et de plaisir, et fit don au vieillard du dernier tiers du sang.


— Là, Schahrazade vit apparaître le matin, et, discrète, elle cessa de parler, sans profiter davantage de la permission. Alors sa sœur Doniazade lui dit : « Ô ma sœur, que tes paroles sont douces, et gentilles, et savoureuses, et délicieuses en leur fraîcheur ! » Schahrazade répondit : « Mais qu’est cela, comparé à ce que je te