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histoire du marchand avec l’éfrit
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pendant qu’il était assis à pleurer sur ce qui lui arrivait, voici qu’un vieux cheikh[1] se dirigea vers lui en conduisant une gazelle enchaînée. Il salua le marchand, lui souhaita une vie prospère et lui dit : « Quelle est la cause de ton stationnement, tout seul, en cet endroit qui est hanté par les genn ?[2] Alors le marchand lui raconta ce qui lui était arrivé avec l’éfrit, et la cause de son stationnement dans cet endroit. Et le cheikh, maître de la gazelle, fut grandement étonné et dit : « Par Allah ! ô mon frère, ta foi est une grande foi ! Et ton histoire est une histoire si prodigieuse que, si elle était écrite avec l’aiguille sur le coin intérieur de l’œil, elle serait une matière à réflexion à qui réfléchit respectueusement ! » Puis il s’assit à côté de lui et dit : « Par Allah ! ô mon frère, je ne cesserai de rester près de toi tant que je n’aurai pas vu ce qui va t’arriver avec l’éfrit. » Et il resta, en effet, et se mit à causer avec lui, et le vit même s’évanouir de peur et de terreur, en proie à une profonde affliction et à des pensées tumultueuses. Et le maître de la gazelle continuait à rester là, quand soudain arriva un second cheikh qui se dirigea vers eux, en conduisant deux chiens lévriers de l’espèce des chiens noirs. Il s’approcha, leur souhaita la paix et leur demanda la cause de leur stationnement en cet endroit hanté par les genn. Alors ils lui racontèrent l’histoire depuis le commencement jusqu’à la fin. Mais à peine s’était-il assis, qu’un troisième cheikh se dirigea vers eux en conduisant une mule couleur d’étourneau. Il leur

  1. Un respectable vieillard.
  2. Pluriel de genni.