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histoire du vizir noureddine…
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à fait dans le commencement entre ton père, qui est mon frère Noureddine, et moi, ton oncle ! »

Et le vizir lui raconta toute l’histoire, puis il lui dit : « Ô mon enfant ! quant à ta mère je l’ai amenée de Bassra, et tu vas la voir, ainsi que ton fils Agib, le fruit de ta première nuit de noces avec sa mère ! » Et le vizir courut les chercher.

Et le premier qui arriva fut Agib, qui, cette fois, se jeta au cou de son père, sans le craindre comme il craignait le pâtissier amoureux ; et Badreddine, dans sa joie, récita ces vers :

Après ton départ, je me mis à pleurer, à longtemps pleurer. Et les larmes débordèrent de mes paupières.

Et je fis vœu, si jamais Allah réunissait les amants affligés de leur séparation, de ne jamais sur mes lèvres faire tenir le mot de séparation ancienne !

Aussi le bonheur vient de fondre sur moi, et avec tant de rapidité, et je fus dans une telle félicité, que malgré moi je versai les larmes de mes yeux !

Le Destin a juré de toujours rester mon ennemi et la cause de mes peines ! Et moi, ô Destin, Ô Temps, j’ai violé ton serment ! C’est une impiété !

Le bonheur a tenu sa promesse et acquitté ses dettes. Et mon ami m’est revenu ! Toi donc, lève-toi vers celui qui a apporté le bonheur, et relève les pans de ta robe pour le servir !

À peine avait-il fini de les réciter, que la grand-mère d’Agib, sa mère à lui Badreddine, arriva en sanglotant et se jeta dans ses bras presque évanouie de joie.