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histoire du roi schahriar…
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vous fera mourir de la pire mort ! » Alors ils eurent peur et descendirent près d’elle ; et elle se leva pour les recevoir et leur dit aussitôt : « Allons ! Percez-moi de la lance un percement violent et dur ! Sinon je vais aviser l’éfrit !» La frayeur fit que Schahriar dit à Schahzaman : « Ô mon frère, toi le premier fais ce qu’elle ordonne ! » Il répondit : « Oh ! je n’en ferai rien avant que tu ne me donnes l’exemple, toi, mon aîné ! » Et tous deux se mirent à s’inviter mutuellement en se faisant avec les yeux des signes de copulation. Alors elle leur dit : « Pourquoi vous vois-je ainsi cligner des yeux ? Si tout de suite vous n’avancez pas et ne me le faites pas, je préviens immédiatement l’éfrit ! » — Alors, à cause de leur peur du genni, ils firent d’elle tous deux ce qu’elle leur avait ordonné. Quand ils se furent bien vidés, elle leur dit : « Que vous êtes vraiment experts ! » Puis elle sortit de sa poche un petit sac et en tira un collier composé de cinq cent soixante-dix sceaux, et leur dit : « Savez-vous ce que c’est ? » Ils lui dirent : « Nous ne savons pas. » Alors elle leur dit : « Les propriétaires de ces sceaux tous ont copulé avec moi sur les insensibles cornes de cet éfrit. Ainsi donc, vous les deux frères, donnez-moi les vôtres. » Alors ils lui donnèrent, les sortant de leurs mains, deux sceaux. Elle leur dit alors : « Sachez que cet éfrit m’enleva la nuit de mes noces, me plaça dans une boîte et, mettant la boîte dans la caisse, fixa sur la caisse sept cadenas, et me mit alors au fond de la mer mugissante qui se heurte et s’entrechoque avec les vagues. Mais il ne savait point que lorsqu’une femme d’entre nous désire quelque chose, rien ne saurait la vaincre. Et le poète dit, d’ailleurs :

Ami ! ne te fie point aux femmes et souris à leurs promesses ! car leur bonne ou mauvaise humeur dépend du caprice de leur vulve !