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histoire du vizir noureddine…
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Au matin, chaque jour, je demande de tes nouvelles au soleil qui se lève. Et chaque nuit j’en demande à l’éclair qui brille !

Si je dors, même si je dors, le désir, l’aiguillon du désir, le poids du désir, la scie dentée du désir, me travaille ! Et jamais je ne calme mes douleurs !

Ô mon doux ami, n’allonge point davantage l’absence dure ! Mon cœur est en morceaux, coupé en morceaux par la douleur de l’absence !

Quel jour béni, quel jour incomparable ne serait point celui où nous pourrions enfin nous réunir !

Mais ne va point croire que ton absence m’a occupé l’esprit de l’amour d’un autre ! Car mon cœur n’est pas assez large pour contenir un second amour !

Puis il entra dans la maison et traversa tous les appartements, jusqu’à ce qu’il arrivât à la pièce réservée où se tenait d’ordinaire sa belle-sœur, la mère de Hassan Badreddine El-Bassri.

Or, depuis la disparition de son fils Hassan, elle était tenue enfermée dans cette pièce, à pleurer nuit et jour et à sangloter. Et elle y avait fait bâtir, au milieu, un petit édifice en dôme pour figurer le tombeau de son pauvre enfant qu’elle croyait mort depuis longtemps. Et c’est là qu’elle passait tout son temps, dans les larmes, et c’est là qu’épuisée par la douleur, elle reposait sa tête pour dormir.

Lorsqu’il fut arrivé tout près de la porte de la pièce, Chamseddine entendit la voix de sa belle-sœur, et cette voix douloureuse récitait ces vers :