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les mille nuits et une nuit

à propos et si bien récités, que l’eunuque en fut touché et aussi énormément flatté ; et, prenant la main d’Agib, il entra avec lui dans la boutique du pâtissier.

Alors Hassan Badreddine fut au comble de la joie, et se dépensa en beaucoup de mouvement pour leur faire honneur. Puis il prit le plus joli de ses bols de porcelaine, le remplit de grains de grenade apprêtés au sucre, aux amandes décortiquées, et parfumés délicieusement et juste à point ; puis il leur présenta le bol sur le plus somptueux de ses plateaux de cuivre repoussé et ciselé. Et, les voyant en manger avec des signes de satisfaction, il fut très flatté et très content, et leur dit : « Vraiment, quel honneur pour moi ! Et quelle bonne fortune ! Et puisse cela vous être agréable et de délicieuse digestion ! »

Alors le petit Agib, après les premières bouchées, ne manqua pas d’inviter le pâtissier à s’asseoir en lui disant : « Tu peux rester avec nous et manger avec nous ! Et Allah ainsi nous récompensera en nous faisant réussir dans nos recherches ! » Alors Hassan Badreddine lui dit : « Comment, mon enfant ! Toi, si jeune et déjà éprouvé par la perte de quelqu’un de cher ? » Et Agib répondit : « Mais oui, brave homme, mon cœur est déjà éprouvé et brûlé par l’absence d’un être cher ! Et cet être si cher n’est autre que mon propre père. Et mon grand-père et moi, nous sommes sortis de notre pays pour aller à sa recherche en battant toutes les contrées. » Puis le petit Agib se mit à pleurer à ce souvenir, et Badreddine aussi ne put s’empêcher de prendre part