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les mille nuits et une nuit

de vœux pour sa grandeur, et se prosterna en baisant la terre entre ses mains ; puis il prit congé et sortit. Et, à l’heure même, il fit les préparatifs nécessaires pour le départ ; puis il emmena sa fille Sett El-Hosn et le petit Agib, et partit.

Ils marchèrent le premier jour, puis le deuxième jour et le troisième jour et ainsi de suite, dans la direction de Damas, et enfin ils arrivèrent avec sécurité à Damas. Et ils s’arrêtèrent tout près des portes, au Midan de Hasba, et ils y dressèrent leurs tentes pour se reposer deux jours avant de continuer leur route. Et ils trouvèrent que Damas était une ville admirable, pleine d’arbres et d’eaux courantes, et qu’elle était bien la ville chantée par le poète :

À Damas, j’ai passé un jour et une nuit. Damas ! Son créateur a juré que jamais plus il ne pourrait faire œuvre pareille !

La nuit couvre Damas de ses ailes, amoureusement. Et le matin étend sur elle l’ombrage des arbres touffus.

La rosée sur les branches de ses arbres n’est point rosée, mais perles, perles neigeant au gré de la brise qui les secoue !

Là, dans ses bosquets, c’est la nature qui fait tout : l’oiseau fait sa lecture matinale ; l’eau vive, c’est la page blanche ouverte ; la brise répond et écrit sous la dictée de l’oiseau, et les blancs nuages font pleuvoir leurs gouttes pour l’écriture !

Aussi les gens du vizir ne manquèrent pas d’aller visiter la ville et ses souks pour acheter les choses