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histoire du vizir noureddine…
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la permission du terrible éfrit ! Car il m’a bien défendu de sortir du trou avant le lever du soleil. Va-t’en donc et laisse-moi en paix ici ! Mais, dis-moi avant, est-ce que le soleil va tarder encore à se lever, ou non ? » Et le vizir, de plus en plus perplexe, répondit : « Mais qu’est-ce donc que cet éfrit dont tu parles ? » Alors le bossu lui raconta l’histoire, son arrivée au cabinet d’aisances où satisfaire ses besoins avant d’entrer chez la nouvelle mariée, l’apparition de l’éfrit sous diverses formes, rat, chat, chien, âne et buffle, et enfin la défense faite et le traitement subi. Puis le bossu se mit à gémir.

Alors le vizir s’approcha du bossu, le saisit par les pieds, et le tira hors du trou. Et le bossu, la figure toute barbouillée et jaune et misérable, cria à la figure du vizir : « Maudit sois-tu, toi et ta fille, l’amante des buffles ! » Et, de crainte de voir apparaître de nouveau l’éfrit, le terrifié bossu se mit à courir de toutes ses forces, en hurlant et en n’osant pas se retourner. Et il arriva au palais, et monta chez le sultan, et lui raconta son aventure avec l’éfrit.

Quant au vizir Chamseddine, il revint comme fou chez sa fille Sett El-Hosn, et lui dit : « Ma fille, je sens ma raison s’envoler ! Éclaire-moi sur cette aventure ! » Alors Sett El-Hosn dit : « Sache donc, mon père, que le jeune homme charmant qui eut l’honneur de la noce pendant toute la nuit, a couché avec moi et a joui de ma virginité ; et sûrement je ferai un enfant. Et, pour te donner une preuve de ce que je t’affirme, voici son turban sur la chaise, ses culottes sur le divan, et son caleçon dans mon