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histoire du vizir noureddine…
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simplement pour l’amour d’Allah et pour ta beauté ! Prends donc cette chandelle allumée, mêle-toi à la foule et va avec elle jusqu’à ce hammam que tu vois. Là, tu verras sortir une espèce de petit bossu, qu’on conduira au palais ; tu suivras ! ou plutôt tu marcheras aux côtés du bossu, qui est un nouveau marié, et tu entreras avec lui dans ce palais, et, arrivé dans la grande salle de réunion, tu te mettras à droite du bossu nouveau marié, comme si tu étais de la maison. Et alors, chaque fois que tu verras arriver en face de vous autres un joueur d’instrument ou une danseuse ou une chanteuse, tu plongeras ta main dans ta poche que, par mes soins, tu trouveras toujours pleine d’or ; et tu prendras l’or à grandes poignées, sans hésiter, et tu le jetteras négligemment à tous ceux-là ! Et n’aie aucune crainte de voir l’or s’épuiser : je m’en charge ! Tu donneras donc une poignée d’or à tous ceux qui t’approcheront. Et prends un air sûr de toi, et ne crains rien ! Et fie-toi à Allah qui t’a créé si beau, et à moi aussi qui t’aime ! D’ailleurs, tout ce qui t’arrive là t’arrive par la volonté et la puissance d’Allah Très-Haut ! » À ces paroles, le genni disparut.

Alors Hassan Badreddine, de Bassra, à ces paroles de l’éfrit, se dit en lui-même : « Que peut bien signifier tout cela ? Et de quel service à me rendre a-t-il voulu parler, cet étonnant éfrit ? » Mais, sans s’arrêter davantage à s’interroger, il marcha, et ralluma sa chandelle, qui s’était éteinte, à la chandelle de l’un des invités, et arriva au hammam juste au moment où le bossu, qui avait fini de prendre son bain, en sortait à cheval et habillé tout de neuf.