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les mille nuits et une nuit

magnifique harnachement de grande valeur, et pensa que cette mule devait nécessairement appartenir à quelque vizir d’entre les vizirs étrangers, ou même à quelque roi d’entre les rois. Il se mit donc à la regarder, et fut dans une grande perplexité ; puis il donna ordre à un de ses jeunes esclaves de lui amener tout de suite le portier qui conduisait la mule. Et l’enfant courut chercher le portier et l’amena devant le vizir. Alors le portier s’avança et embrassa la terre entre les mains du vizir, qui était un vieillard très âgé et très respectable. Et le vizir dit au portier : « Quel est le maître de cette mule, et quelle est sa condition ? » Le portier répondit : « Ô mon seigneur, le maître de cette mule est un tout jeune homme fort beau, en vérité, plein de séduction, richement habillé comme un fils de quelque grand marchand ; et toute sa mine impose le respect et l’admiration. »

À ces paroles du portier, le vizir se leva sur ses pieds, et monta à cheval, et alla en toute hâte au khân, et entra dans la cour. À la vue du vizir, Noureddine se leva sur ses pieds et courut à sa rencontre, et l’aida à descendre de cheval. Alors le vizir lui fit le salut d’usage, et Noureddine le lui rendit et le reçut très cordialement ; et le vizir s’assit à côté de lui et lui dit : « Mon enfant, d’où viens-tu et pourquoi es-tu à Bassra ? » Et Noureddine lui dit : « Mon seigneur, je viens du Caire, qui est ma ville et où je suis né. Mon père était le vizir du sultan d’Égypte, mais il est mort pour aller en la miséricorde d’Allah ! » Puis Noureddine raconta au vizir l’histoire depuis le commencement jusqu’à la fin.