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les mille nuits et une nuit

l’air et disparut. Et je fus au comble de la surprise.

Mais, comme j’étais accablée de fatigue, je m’assis à cette place, puis je m’étendis et je dormis encore pendant une heure de temps. Et, à mon réveil, je trouvai, assise à mes pieds, une jolie négresse qui me massait les pieds et me caressait. Alors, moi, je retirai vivement mes pieds et j’eus une grande honte, car je ne savais pas ce que la jolie négresse voulait de moi ! Et je lui dis : « Qui es-tu et que désires-tu ? » Et elle me répondit : « Je me suis hâtée de venir auprès de toi qui m’as rendu ce grand service en tuant mon ennemi. Car je suis la couleuvre que tu as sauvée du serpent. Et je suis une gennia. Et ce serpent aussi était un genni. Mais il était mon ennemi, et il voulait me violer et me tuer. Et c’est toi seule qui m’as délivrée de ses mains. Alors, moi, à peine délivrée, je m’envolai avec le vent, et je me dirigeai en hâte vers le navire d’où t’avaient précipitée tes deux sœurs. J’ensorcelai tes deux sœurs sous la forme de deux chiennes noires ; et je te les apporte. » Et alors je vis les deux chiennes attachées à un arbre derrière moi. Puis la gennia continua : « Ensuite, je transportai dans ta maison de Baghdad toutes les richesses qui étaient dans le navire, et je le coulai. Quant au jeune homme, il s’est noyé ; et je ne puis rien contre la mort. Car Allah seul est Tout-Puissant ! »

À ces mots, elle me prit dans ses bras, détacha les deux chiennes, mes sœurs, et les enleva aussi, et nous transporta toutes, en s’envolant, et nous déposa saines et sauves sur la terrasse de ma maison à Baghdad, ici-même !