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histoire du portefaix…
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la ville de Bassra, et nous vîmes, dans le loin, apparaître ses bâtisses. Mais, comme la nuit approchait, nous nous arrêtâmes ; et bientôt tous nous dormîmes.

Mais, pendant notre sommeil, mes deux sœurs se levèrent, et m’enlevèrent, moi et le jeune garçon, avec nos matelas et tout, et nous jetèrent à la mer. Pour le jeune homme, comme il ne savait pas nager, il se noya ; car il était écrit par Allah qu’il serait du nombre des martyrs. Quant à moi, j’étais écrite parmi ceux qui devaient avoir la vie sauve. Aussi, lorsque je tombai à la mer, Allah me gratifia d’un morceau de bois sur lequel je me mis à cheval, et avec lequel je fus emportée par les vagues et jetée sur le rivage d’une île pas trop éloignée. Là, je fis sécher mes habits, je passai toute la nuit, et le matin je me réveillai et je cherchai une route. Et je trouvai une route sur laquelle il y avait des traces de pas d’êtres humains fils d’Adam ! Cette route commençait au rivage et s’enfonçait dans l’île. Alors, moi, après avoir mis mes vêtements devenus secs, je suivis cette route, et je ne cessai de marcher jusqu’à ce que je fusse sur le rivage opposé de l’île, en face de la terre ferme où j’aperçus au loin la ville de Bassra. Et soudain je vis une couleuvre qui courait vers moi, et immédiatement derrière elle courait un gros et grand serpent qui voulait la tuer. Cette couleuvre était tellement lasse et fatiguée de sa course que sa langue pendait hors de sa bouche ! Alors, moi, je fus prise de pitié pour elle, et je saisis une grosse pierre et je la lançai à la tête du serpent, que j’écrasai et que je tuai à l’instant même. Mais aussitôt la couleuvre déploya deux ailes et s’envola dans