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histoire du portefaix…
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paraîtra à ta vue ! Alors, toi, tu marcheras jusqu’à ce que tu atteignes un palais dix fois plus grand que notre palais, et mille fois plus magnifique. Ce palais est tout lamé de lames d’or, et toutes ses murailles sont incrustées de grosses pierreries et surtout d’émeraudes et de perles. Alors tu entreras par la porte ouverte, comme nous entrâmes nous mêmes, et tu verras ce que tu verras ! Quant à nous, nous y avons laissé notre œil gauche, et nous supportons encore la punition méritée, et nous l’expions en faisant chaque nuit ce que tu nous as vu faire. Telle est notre histoire, en résumé, car, en détail, elle remplirait les feuilles d’un gros livre carré ! Quant à toi, que maintenant ta destinée s’accomplisse ! »

À ces paroles, comme je tenais à ma résolution, ils me donnèrent le couteau, me cousirent dans la peau du mouton, et m’exposèrent sur la terrasse du palais, et s’éloignèrent. Et, soudain, je me sentis enlever par le terrible oiseau Rokh, qui s’envola ; et, aussitôt que je me sentis déposer à terre sur le sommet de la montagne, je fendis, avec le couteau, la peau du mouton, et je sortis en entier en criant : « Kesch ! Kesch ! » pour chasser le terrible Rokh qui s’envola lourdement, et je vis que c’était un grand oiseau blanc, aussi gros que dix éléphants et aussi grand que vingt chameaux !

Alors je me mis à marcher, et à me hâter, tant j’étais sur le feu de l’impatience, et, au milieu du jour, j’arrivai au palais. À la vue de ce palais, malgré la description des dix jeunes hommes, je fus émerveillé à la limite de l’émerveillement, car il était bien plus magnifique que les paroles. La grande