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les mille nuits et une nuit

faute, je me suis attiré la fatalité et me suis rempli le cœur de soucis et de chagrins.

Voici ! Je suis un roi, fils de roi. Mon père s’appelait Kassib, et je suis son fils. Lorsque le roi, mon père, mourut, j’héritai du royaume, et je régnai, et je gouvernai avec justice, et je fis beaucoup de bien à mes sujets.

Mais j’avais un grand amour pour les voyages par mer. Et je ne m’en privais pas, car ma capitale était située au bord de la mer ; et, sur une très large étendue de mer, j’avais des îles qui m’appartenaient, et qui étaient fortifiées en état de défense et de bataille. Et je voulus un jour aller visiter toutes mes îles, et je fis préparer dix grands navires, et j’y fis mettre des provisions pour un mois, et je partis. Le voyage de visite dura vingt jours, au bout desquels, une nuit d’entre les nuits, nous vîmes se déchaîner contre nous les vents contraires, et cela jusqu’à l’aube ; alors, comme le vent s’était un peu calmé et la mer radoucie, au lever du soleil nous vîmes une petite île où nous pûmes nous arrêter un peu : nous allâmes à terre, nous fîmes un peu de cuisine pour manger, nous mangeâmes, nous nous reposâmes deux jours, pour attendre la fin de la tempête, et nous repartîmes. Le voyage dura encore vingt jours, jusqu’à ce qu’un jour nous perdîmes notre route ; les eaux où nous naviguions nous devinrent inconnues, à nous et aussi au capitaine. Car le capitaine, en vérité, ne reconnaissait plus du tout cette mer ! Alors nous dîmes à la vigie : « Regarde la mer avec attention ! » Et la vigie monta sur le mât, puis descendit, et nous dit et dit au capitaine : « À