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les mille nuits et une nuit

pourrais-tu, toi, rester chez moi cinq jours, pour t’en aller ensuite un jour avant son arrivée. »

Et je répondis : « Certes ! je le peux. » Alors elle fut très joyeuse ; elle se leva toute droite, me prit la main, me fit passer à travers une porte à arceaux, et me conduisit finalement à un hammam gentil et agréable et plein d’une douce atmosphère. Alors, tout de suite, je me déshabillai, et elle aussi se déshabilla toute nue ; et tous deux nous entrâmes dans le bain. Après le bain, nous nous assîmes sur l’estrade du hammam, elle à côté de moi, et elle se mit à m’offrir à boire du sirop au musc et elle mit devant moi des pâtisseries délicieuses. Puis nous continuâmes à causer gentiment et à manger de tout cela qui était le bien de l’éfrit, son ravisseur.

Ensuite elle me dit : « Pour ce soir tu vas dormir et te bien reposer de tes fatigues, pour être ensuite bien dispos. »

Et moi, ô ma maîtresse, je voulus bien dormir, après l’avoir beaucoup remerciée. Et j’oubliai, en vérité, tous mes soucis !

À mon réveil, je la trouvai assise à côté de moi, et elle me massait agréablement les membres et les pieds. Alors j’invoquai Allah pour appeler sur elle toutes les bénédictions, et nous nous assîmes à causer pendant une heure, et elle me dit des choses fort gentilles. Elle me dit : « Par Allah ! auparavant, toute seule dans ce palais souterrain, j’avais bien de la tristesse et je sentais ma poitrine se rétrécir, car je ne trouvais personne avec qui causer, et cela pendant vingt ans ! Mais la louange à Allah ! Qu’Il soit glorifié pour t’avoir ainsi conduit près de moi ! »