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histoire du portefaix…
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vâmes la terre et puis le couvercle ; et, moi et mon oncle, nous descendîmes cinquante marches d’escalier. Lorsque nous arrivâmes au bout de l’escalier, nous vîmes une fumée monter vers nous, qui nous aveugla. Mais aussitôt mon oncle prononça la Parole qui enlève toute crainte à qui la prononce, celle-ci : « Il n’y a de pouvoir et de force qu’en Allah le Très-Haut, le Tout-Puissant ! »

Alors nous marchâmes, et nous arrivâmes dans une grande salle remplie de farine, de grains de toutes les espèces, de mets de toutes sortes, et de bien d’autres choses aussi. Et nous vîmes, au milieu de la salle, un rideau abaissé sur un lit. Alors mon oncle regarda à l’intérieur du lit, et trouva et reconnut son fils, qui était là aux bras de la femme qui était descendue avec lui ; mais tous deux étaient devenus du charbon noir, absolument comme s’ils avaient été jetés dans une fosse de feu !

À cette vue, mon oncle cracha au visage de son fils et s’écria : « Tu le mérites bien, ô scélérat ! Ceci c’est le supplice de ce bas monde, mais il te reste encore le supplice de l’autre monde, qui est plus terrible et plus durable ! » Et ce disant, mon oncle après avoir craché à la figure de son fils, se déchaussa de sa babouche, et de la semelle il le frappa à la face.


— À ce moment de son récit, Schahrazade vit s’approcher le matin, et, discrète, ne voulut point profiter davantage de la permission accordée.