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histoire du portefaix…
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dissions. Il faut que je te dise qu’il m’arrivait d’aller, à des intervalles de quelques années, faire une visite à mon oncle, et même de rester chez lui de nombreux mois. La dernière fois que je lui fis visite, le fils de mon oncle me reçut avec un accueil des plus larges et des plus généreux ; il fit égorger des moutons en mon honneur, et clarifier des vins nombreux. Puis nous commençâmes à boire, et tellement que le vin fut plus fort que nous. Alors le fils de mon oncle me dit : « Ô fils de mon oncle ! toi que j’aime d’une façon toute particulière, j’ai à te demander une chose importante, et je voudrais ne te voir pas me la refuser ou m’empêcher de faire ce que j’ai résolu ! » Je lui répondis : « Certainement, et de tout cœur amical et généreux ! » Alors, pour avoir toute confiance, il me fit prêter le serment le plus sacré en me faisant jurer sur notre sainte religion. Il se leva aussitôt, s’absenta quelques instants, puis s’en revint avec, derrière lui, une femme toute parée, toute parfumée délicieusement, vêtue de vêtements somptueux qui devaient coûter un prix fort considérable. Et il se tourna vers moi, avec la femme derrière lui, et me dit : « Prends cette femme, et précède-moi vers l’endroit que je vais t’indiquer. (Et il m’indiqua l’endroit en me le spécifiant de telle sorte que je le compris bien.) Et là tu trouveras telle tombe au milieu des autres tombes, et tu m’y attendras ! » Et je ne pus lui refuser cela, ni me récuser devant cette demande, à cause du serment que j’avais juré avec ma main droite ! Et je pris la femme et je m’en allai et j’entrai sous le dôme de la tombe avec elle, et nous nous assîmes à attendre