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histoire du portefaix…
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ainsi, c’est que vous êtes de pauvres gens ; car si vous étiez parmi les plus considérés ou les plus grands de votre tribu, ou si vous étiez des gouvernants, il est certain que je vous aurais expédiés plus vite encore pour vous punir ! »

Alors le khalifat dit à Giafar : « Malheur à nous, ô Giafar ! Révèle-lui qui nous sommes, sinon elle va nous tuer ! » Et Giafar répondit : « Nous n’avons que ce que nous avons mérité ! » Mais le khalifat lui dit : « Il ne faut pas faire de plaisanterie au moment où il faut être sérieux, car chaque chose a son temps ! »

Alors la jeune fille s’approcha des saâlik et leur dit : « Êtes-vous frères ? » Ils lui répondirent : « Non, par Allah ! Nous ne sommes que les plus pauvres des pauvres, et nous vivons de notre métier en posant des ventouses et en faisant des scarifications ! » Alors elle s’adressa à chacun d’eux et lui demanda : « Es-tu né borgne ? » Il répondit : « Non, par Allah ! mais l’histoire de la perte de mon œil est une histoire tellement étonnante que, si elle était écrite avec l’aiguille sur le coin de l’œil, elle serait une leçon à qui la lirait avec respect ! » Et le second et le troisième lui firent la même réponse. Puis tous ensemble lui dirent : « Chacun de nous est d’un pays différent et nos histoires sont étonnantes et nos aventures prodigieusement étranges ! » Alors la jeune fille se tourna vers eux et leur dit : « Que chacun de vous raconte son histoire et la cause de sa venue à notre maison. Et ensuite que chacun de vous porte la main à son front pour nous remercier et qu’il s’en aille à sa destinée ! »