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histoire du portefaix…
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ceux qui étaient réunis : « Est-ce vrai ce que le portefaix dit en votre nom ? » Et tous, à l’exception de Giafar, répondirent : « Oui, c’est vrai ! » Et Giafar ne dit pas un mot.

Alors la jeune fille, en entendant leur réponse, dit : « Par Allah ! ô nos hôtes, voici que vous venez de commettre à notre égard la pire des offenses et la plus criminelle ! Or, précédemment, nous vous avions posé la condition que si quelqu’un parlait de ce qui ne le regardait pas, il entendrait des choses qui ne lui agréeraient point ! Et ne vous a-t-il pas suffi d’être entrés dans notre maison et d’avoir mangé de nos provisions ? Mais ce n’est point de votre faute, mais de la faute de notre sœur qui vous a amenés chez nous ! »

À ces paroles, elle retroussa ses manches sur ses poignets, frappa le sol trois fois de son pied et s’écria : « Hé ! Accourez vite ! » Et aussitôt s’ouvrit la porte d’une des garde-robes sur lesquelles étaient abaissés les rideaux, et en sortirent sept nègres solides brandissant à la main des glaives aiguisés. Et elle leur dit : « Attachez les bras de ces gens à langue trop longue, et liez-les les uns aux autres ! » Et les nègres exécutèrent l’ordre, et dirent : « Ô notre maîtresse, ô fleur cachée loin du regard des hommes, nous permets-tu de leur trancher la tête ? » Elle répondit : « Patientez encore une heure sur eux ! car je veux, avant de leur couper le cou, les interroger pour savoir qui ils sont ! »

Alors le portefaix s’écria : « Par Allah ! ô ma maîtresse, ne me tue pas pour le crime fait par d’autres ! Eux tous ici ont failli et commis un vrai crime,