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les mille nuits et une nuit

pagnes et leur demanda leur avis. Elles lui dirent : « Fais-les entrer ! » Alors elle revint leur ouvrir la porte ; et ils lui demandèrent : « Pouvons-nous entrer, avec votre permission ? » Elle dit : « Entrez ! » Alors le khalifat et Giafar et Massrour entrèrent, et, à leur vue, les jeunes filles se tinrent debout et se mirent à leur service et leur dirent : « Soyez les bienvenus, et que l’accueil ici vous soit large et amical ! Prenez vos aises, ô nos convives ! Mais nous avons à vous poser une condition : « Ne parlez pas de ce qui ne vous concerne point, sinon vous entendrez des choses qui ne vous agréeront pas ! » Ils répondirent : « Oui, certes ! » Et ils s’assirent, et ils furent invités à boire et à faire circuler entre eux la coupe. Puis le khalifat regarda les trois saâlik et vit qu’ils étaient borgnes de l’œil gauche, et il s’en étonna fort. Il regarda ensuite les jeunes filles et vit toute leur beauté et leurs grâces, et il fut fort perplexe et surpris. Mais les jeunes filles continuèrent à s’entretenir avec les convives et à les inviter à boire avec eux ; puis elles présentèrent un vin exquis au khalifat ; mais il refusa en disant : « Je suis un bon hadj ![1] » Alors la portière se leva et plaça devant lui une petite table incrustée finement, sur laquelle elle mit une tasse en porcelaine de Chine : elle versa dans la tasse de l’eau de source qu’elle rafraîchit avec un morceau de neige, et mélangea le tout avec du sucre et de l’eau de roses, puis le présenta, au khalifat. Il l’accepta et remercia beaucoup la jeune fille, et se dit en lui-même : « Il faut que demain je

  1. Hadj, pèlerin de la Mecque.