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histoire du portefaix…
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voir à qui appartiennent ces voix. » Mais Giafar répondit : « Ce doit être une troupe d’ivrognes. Aussi gardons-nous d’entrer de peur qu’il ne nous en arrive quelque mauvais tour. » Mais le khalifat dit : « Il faut absolument que nous entrions. Et je veux que tu trouves un expédient qui nous permette d’entrer et de les surprendre. » Et Giafar, à cet ordre, répondit : « J’écoute et j’obéis. » Alors Giafar s’avança et frappa à la porte. Et c’est en ce moment que la portière vint ouvrir.

La jeune portière ouvrit donc la porte, et Giafar lui dit : « Ô ma maîtresse ! nous sommes des marchands de Tabariat[1]. Il y a dix jours déjà que nous sommes venus à Baghdad avec de la marchandise, et nous logeons dans le khân des marchands. Aussi l’un des marchands du khân nous avait cette nuit invités chez lui et nous avait offert le repas. Après le repas, qui dura une heure et où il nous avait fait bien manger et bien boire, il nous laissa libres de nous en aller. Nous sortîmes donc ; mais il faisait nuit et nous étions des étrangers : aussi nous perdîmes le chemin du khân où nous logions. Et maintenant nous nous adressons avec ferveur à votre générosité pour que vous nous permettiez d’entrer et de passer la nuit chez vous. Et Allah vous tiendra compte de cette bonne œuvre ! »

Alors la portière les regarda et trouva qu’ils avaient bien la mine de marchands et aussi l’aspect fort respectable. Alors elle alla trouver ses deux com-

  1. Tibériade.