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les mille nuits et une nuit

l’attirait à elle, et la troisième le frappait avec des fleurs. Et ils continuèrent à boire jusqu’à ce que le ferment eût joué dans leur raison. Lorsque le vin régna tout à fait, la jeune portière se leva, se dépouilla de tous ses vêtements et devint toute nue. Puis elle jeta son âme[1] dans la pièce d’eau et se mit à jouer avec l’eau ; puis elle prit l’eau dans sa bouche et en aspergea avec bruit le portefaix. Ensuite elle se lava tous les membres et fit courir l’eau entre ses jeunes cuisses. Puis elle sortit de l’eau et se jeta dans le sein du portefaix en s’étendant sur le dos et lui dit en faisant signe vers la chose située entre ses cuisses :

« Ô mon chéri, sais-tu le nom de ça ? » Et le portefaix répondit « Ha ! Ha ! d’ordinaire ça s’appelle la maison de la miséricorde ! » Alors elle s’écria : « Youh ! Youh ! N’as-tu pas honte ? » Et elle le prit par le cou et se mit à frapper dessus. Alors il dit : « Non ! Non ! ça s’appelle une vulve ! » Mais elle dit : « Autre chose ! » Et le portefaix dit : « Alors c’est ton morceau de derrière ! » Et elle répliqua : « Autre chose ! » Alors il dit : « C’est ton frelon ! » Elle se mit, à ces paroles, à le frapper si fort sur le cou qu’elle usa la peau. Alors il lui dit : « Dis-moi donc son nom ! » Et elle répondit : « Le basilic des ponts ! » Alors le portefaix s’écria : « Enfin ! la louange soit à Allah pour ton salut, ô mon basilic des ponts ! »

Après cela on fit circuler la coupe et la soucoupe. Puis la seconde jeune fille ôta ses vêtements et se

  1. En arabe on emploie ce mot d’âme pour les mots lui-même, soi-même, eux-mêmes, etc.