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histoire du portefaix…
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talent. Car ta taille n’a point d’égale, ni ton corps un frère !

Car le rameau n’est joli que sur l’arbre et tout nu ; mais toi ! De toutes façons, tu es belle, et les habits qui te cachent ne sont qu’un délice de plus !

Alors la jeune fille se leva de dessus le lit, fit quelques pas pour être au milieu de la salle près de ses deux sœurs, et leur dit : « Pourquoi restez-vous ainsi immobiles ? Enlevez le fardeau de dessus la tête du portefaix. » Alors la pourvoyeuse vint devant le portefaix, la portière se mit derrière lui, et, aidées de leur troisième sœur, elles le soulagèrent du fardeau. Ensuite elles enlevèrent tout ce qui était dans la hotte, rangèrent chaque chose à sa place, donnèrent deux dinars au portefaix et lui dirent : « Tourne ton visage et va-t’en, ô portefaix ! » Mais le portefaix regarda les jeunes filles et se mit à admirer toute leur beauté et leurs perfections, et il pensa qu’il n’avait jamais rien vu de pareil. Pourtant il remarqua qu’il n’y avait chez elles aucun homme. Ensuite il vit tout ce qu’il y avait là de boissons, de fruits, de fleurs odorantes et d’autres bonnes choses, et il s’émerveilla à la limite de l’émerveillement, et n’eut plus aucune envie de s’en aller.

Alors l’aînée des jeunes filles lui dit : « Mais qu’as-tu ainsi à ne pas bouger ? Trouverais-tu modique ton salaire ? » Et elle se tourna vers sa sœur, la pourvoyeuse, et lui dit : « Donne-lui encore un troisième dinar. » Mais le portefaix dit : « Par Allah, ô mes maîtresses, mon salaire ordinaire n’est seulement que deux demi-dinars ! Et je n’ai point trouvé mo-