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HISTOIRE DU PORTEFAIX AVEC
LES JEUNES FILLES


Il y avait, dans la ville de Baghdad, un homme qui était célibataire et aussi portefaix.

Un jour d’entre les jours, pendant qu’il était dans le souk, nonchalamment appuyé sur sa hotte, voici que devant lui s’arrêta une femme enveloppée de son ample voile en étoffe de Mossoul, en soie parsemée de paillettes d’or et doublée de brocart. Elle souleva un peu son petit voile de visage, et, d’en dessous, alors, apparurent des yeux noirs avec de longs cils et quelles paupières ! Et elle était svelte et fine d’extrémités, parfaite de qualités. Puis elle dit avec la douceur de sa prononciation : « Ô portefaix, prends ta hotte et suis-moi ! » Et le portefaix, tout saisi, ne pouvait croire aux paroles entendues ; pourtant il prit sa hotte et suivit la jeune femme, qui enfin s’arrêta devant la porte d’une maison. Elle frappa à la porte, et tout de suite un homme nousrani[1] descendit et lui donna, pour un dinar, une

  1. Nousrani, c’est-à-dire nazaréen. C’est le nom que les musulmans donnent aux chrétiens.