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histoire du pêcheur avec l’éfrit
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lir comme l’eau bout dans la marmite. Alors elle en aspergea le jeune homme et dit : « Par la force des paroles prononcées, je te somme de sortir de cette forme pour reprendre ta forme première ! » Et le jeune homme se secoua et se leva debout sur ses pieds, et se réjouit de sa délivrance, et s’écria : « J’atteste qu’il n’y a d’autre Dieu qu’Allah, et Mohammad est le prophète d’Allah ! Que la bénédiction et la paix d’Allah soient sur lui ! » Puis elle lui dit : « Va-t’en et ne reviens plus ici, sinon je te tuerai ! » Et elle lui cria à la face. Alors il s’en alla d’entre ses mains. Et elle retourna à la coupole et descendit et dit : « Ô mon maître, lève-toi, que je te voie ! » Et lui, très faible, dit : « Oh ! tu n’as encore rien fait ! Tu ne m’as rendu qu’une partie de ma tranquillité, mais tu n’as pas supprimé la cause principale de mon trouble ! » Et elle dit : « Ô mon chéri, mais quelle est cette cause principale ? » Il dit : « Les poissons du lac, qui ne sont autre chose que les habitants de l’ancienne ville et des quatre îles d’autrefois, ne cessent, tous les minuits, de lever la tête hors de l’eau et de faire des imprécations contre moi et toi. Et tel est le motif qui m’empêche de reprendre mes forces. À toi donc de les délivrer ! Et alors tu pourras venir me prendre par la main et m’aider à me lever, car certainement je serai revenu à la santé ! » Lorsqu’elle entendit les paroles du roi, qu’elle croyait être le nègre, elle lui dit, toute joyeuse : « Ô mon maître, ta volonté je la mets sur ma tête et dans mon œil ! » Et ayant dit : « Au nom l’Allah ! » elle se leva toute heureuse et se mit à courir et, arrivée au lac, elle prit un peu d’eau et…