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histoire du pêcheur avec l’éfrit
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il m’est venu l’idée de m’isoler complètement cette nuit, et de chercher seul l’explication du mystère de ce lac et de ses poissons. Toi, donc, tu te tiendras à la porte de ma tente et tu diras aux émirs, aux vizirs et aux chambellans : « Le sultan est indisposé et m’a donné l’ordre de ne laisser entrer personne chez lui ! » Et tu ne révèleras à personne mon intention ! » De cette façon le vizir ne pouvait guère désobéir. Alors le roi se déguisa, ceignit son épée et se glissa loin de son entourage sans être vu. Et il se mit à marcher toute la nuit jusqu’au matin sans arrêt, jusqu’au moment où la chaleur, devenue trop forte, le força à se reposer. Après quoi, il se remit à marcher durant tout le reste de la journée et la deuxième nuit jusqu’au matin. Et voici qu’il vit dans le lointain une chose noire ; il s’en réjouit et se dit : « Il est probable que je vais trouver là quelqu’un qui me racontera cette histoire du lac et de ses poissons ! » En s’approchant de cette chose noire, il vit que c’était un palais entièrement bâti avec des pierres noires, consolidé par de larges lames de fer, et il vit que la porte avait un battant ouvert et l’autre fermé. Alors il se réjouit et, s’arrêtant à la porte, il frappa doucement ; mais, n’entendant pas de réponse, il frappa une deuxième et une troisième fois ; puis, n’entendant pas de réponse, il frappa une quatrième fois, mais très violemment : et personne ne lui répondait. Alors il se dit : « Il n’y a pas de doute, ce palais est désert. » Alors, se donnant du courage, il pénétra par la porte du palais et arriva à un corridor. Là, à haute voix il dit : « Ô maîtres du palais, je suis un étranger, un passant du chemin, et je vous demande