Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
les mille nuits et une nuit

ces poissons doivent avoir une histoire étrange. » Il ordonna alors de faire venir le pêcheur et, une fois le pêcheur arrivé, il lui dit : « D’où vient ce poisson ? Il répondit : « D’un étang situé entre quatre collines derrière la montagne qui domine ta ville ! » Et le roi se tourna vers le pêcheur et lui dit : « Combien faut-il de jours pour y arriver ? » Il répondit : « Ô notre seigneur le sultan ! il faut seulement une demi-heure ! » Et le sultan fut fort surpris et ordonna aux gardes d’accompagner le pêcheur à l’instant même. Et le pêcheur, fort contrarié, se mit à maudire secrètement l’éfrit. Et le roi et tous partirent, et montèrent sur une montagne, et descendirent dans une vaste solitude que jamais de leur vie ils n’avaient vue auparavant. Et le sultan et les soldats s’étonnaient de cette étendue déserte située entre quatre montagnes, et de cet étang où se jouaient des poissons de quatre différentes couleurs : rouge, blanc, jaune et bleu. Et le roi s’arrêta et dit aux soldats et à tous ceux qui étaient présents : « Y a-t-il quelqu’un d’entre vous qui ait vu auparavant ce lac dans ce lieu ? » Ils répondirent tous : « Oh, non ! » Et le roi dit : « Par Allah ! je ne rentrerai point dans ma ville et ne m’asseoirai point sur le trône de mon royaume avant de connaître la vérité sur ce lac et sur les poissons qu’il contient ! » Et il ordonna aux soldats de cerner ces montagnes ; et les soldats le firent. Alors le roi appela son vizir. Ce vizir était un érudit, un homme sage, éloquent, versé dans toutes les sciences. Lorsqu’il se présenta entre les mains du roi, le roi lui dit : « J’ai l’intention de faire une chose et vais d’abord te mettre au courant :