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histoire du pêcheur avec l’éfrit
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miers, et lui donna dans ce but trois jours de temps. Mais le pêcheur retourna vite à l’étang et en rapporta immédiatement quatre poissons. Alors le roi ordonna qu’on lui donnât quatre cents dinars ; et, se tournant vers le vizir, il dit : « Prépare toi-même, devant moi, ces poissons ! » Et le vizir répondit : « J’exécute et j’obéis ! » Alors il fit porter la poêle devant le roi et y mit les poissons frire, après les avoir bien nettoyés ; ensuite, une fois cuits sur un côté, il les tourna sur l’autre côté. Et tout d’un coup le mur de la cuisine se fendit et en sortit un nègre semblable à un buffle d’entre les buffles ou à un des géants de la tribu de Had ; et il tenait à la main une branche d’un arbre vert ; et il dit d’une voix distincte et terrible : « Poissons, ô poissons ! tenez-vous toujours votre ancienne promesse ? » Et les poissons levèrent la tête de l’intérieur de la poêle et dirent : « Oui, certes ! oui, certes ! » Et en chœur ils déclamèrent cette construction de vers :

Si tu reviens en arrière, nous reviendrons ! Si tu tiens ta promesse, nous tiendrons la nôtre ! Mais si tu regimbes, nous crierons tant que tu t’exécuteras bien !


Puis le nègre s’approcha de la poêle et la renversa avec la branche, et les poissons brûlèrent et devinrent du charbon noir. Le nègre s’en alla alors par le même endroit d’où il était entré. Lorsqu’il disparut de devant leurs yeux à tous, le roi dit : « C’est là une affaire sur laquelle nous ne pouvons vraiment garder le silence. D’ailleurs, il n’y a pas de doute,