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La foi, perçant l’avenir, contemplait cette demeure médiocre dans une auréole[1] :

J’ébranlerai les cieux et la terre…
Et je remplirai de gloire cette maison,
dit Iahvé des armées.

Si ferme était cette foi, qu’Aggée célébrait déjà le renversement de toutes les nations, au profit de l’élu de Dieu[2] :

En ce jour-là, — oracle de Iahvé des armées —,
je te prendrai, Zorobabel, fils de Salathiel,
mon serviteur, — oracle de Iahvé, —
et je ferai de toi comme un cachet ;
car je t’ai élu, — oracle de Iahvé des armées.

Ainsi la promesse faite à David était maintenue. Zorobabel, son descendant, en était le dépositaire ; il était le restaurateur. Le prophète n’ajoutait pas qu’il en était le dernier terme. Il saluait dans l’humiliation présente une gloire incomparable, sans dire clairement à quel temps elle serait manifestée et quel nouveau Zorobabel en recevrait l’éclat.

La suite des événements est obscure.

A suivre la disposition matérielle des documents dans les livres d’Esdras et de Néhémie, Esdras le scribe serait venu avant Néhémie le bâtisseur.

M. Van Hoonacker a montré que les textes eux-mêmes ne peuvent bien s’entendre qu’en renversant cet ordre[3]. Le grand effort de la reconstruction du Temple ne suffisait pas à assurer la persévérance dans la religion elle-même. Elle était intimement liée avec le sentiment national, et la nation ne pouvait subsister sans une capitale fermée qui pût défendre l’indépendance du peuple et de son Dieu. Entrait qui voulait dans l’enceinte de Jérusalem qui n’était guère qu’un champ de ruines. L’immigration avait refusé aux gens du pays la communion dans le culte, mais des relations de commerce s’imposaient ; les bons rapports amenaient à contracter des mariages, non sans un vrai péril pour la stricte unité nationale et pour la foi religieuse. Dès son origine le Judaïsme naissant sentait le besoin d’une barrière, moins contre des agressions hostiles que contre la contagion d’un esprit étranger.

Mais déjà, quand ils bâtissaient seulement le Temple, les anciens exilés avaient été arrêtés sur le soupçon qu’ils se mettaient à l’abri dans une

  1. Ag., ii, 7.
  2. Ag., ii, 23.
  3. Néhémie et Esdras, Louvain, 1890.