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CHAPITRE XXI

PHILON D’ALEXANDRIE.


saurait donner en quelques pages une idée même sommaire de la doctrine de Philon (2). Ce serait beaucoup de se rendre compte de son attitude envers la Bible et envers l’hellénisme. On ne

§ 1er.

— Son but et ceux auxquels il s’adresse.

Quand Philon naquit à Alexandrie vers l’an 30 av.J.-C., l’hellénisme était abaissé comme puissance politique devant la fortune de Rome l’Égypte des Lagides allait perdre son indépendance. Depuis trois siècles que le Judaïsme s’était trouvé en présence de l’esprit grec, il ne s’était rencontré personne pour essayer dans une large synthèse la conciliation qui ne serait pas une capitulation de la foi, qui loin d’obliger la religion juive à rendre les armes mettrait à son service les progrès de cette culture qui éblouissait encore l’Orient, et qui déjà imposait son ascendant à ses vainqueurs.

Ce fut l’œuvre de Philon. Cette synthèse, dans sa pensée, s’en tenait cependant à la philosophie. Philon fut frappé, comme tout le monde, de la supériorité des Grecs dans les sciences et dans les arts, mais cela était secondaire à ses yeux (3). Avec les autres Juifs il se targuait de l’ancienneté du peuple élu qui lui assurait la supériorité dans l’histoire. Cependant l’histoire l’intéressait peu ; la poésie, seulement dans la mesure où textes d’après l’édition de la lihrairie Reimer, par les soins de Léop. COHN et Paul WENDLAND, puis (à partir du vol. VI) de Sigfried REITER. Nous citons d’après les petites coupures de cette édition. Le vol. VII : Indices ad Philonis Alexandrini opera, composuit Ioannes LEISEGANC (19215 et 1930). Traduction allemande encore incomplète par COHN et HEINEMANN en cinq volumes (le premier épuisé), qui sera complète en sept.— ZELLER, III, 2, 48 éd. p. 385-467 ; ScnüRER, 4° éd., III, p. 633-716, SIEGFRIED, Philo von Alexandria als Ausleger des Alten Testaments. Jena, 1875 ; RITTER, Philo und die Halacha, Leipzig, 1879 ; James DRUMMOND, Philo Judaeus. Londres, 1888 ; Edmond STEIN, Die allegorische exegese des Philo aus Alexandreia, Giessen, 1929. Ém. BRÉIlIER, Les idées philosophiques et religieuses de Philon d’Alexandrie, Paris, 1908.

(2) Spécialement pour le Logos, cf. RB., 1923, p. 321-371. (3) De Gigantibus (58-61) il distingue trois classes d’hommes ceux qui sont nés de la terre,

ne s’attachent qu’aux jouissances du corps ; ceux qui sont nés du ciel ont du goût pour les choses de l’esprit et pour les arts les hommes de Dieu sont les prêtres et les prophètes, qui élisent leur demeure dans le monde spirituel. (1) Les

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