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autres lavé par Épiphane (1), qui était de race juive, etIao par Diodore deSicile(2).

Lorsque Cambyse envahit l’Égypte, il détruisit les sanctuaires des Égyptiens, mais respecta ce temple, ce qui est une confirmation éclatante des sentiments que la Bible avait attribués à Cyrus. Mais les sacrilèges du conquérant atteint de folie et châtié par les dieux avaient été réparés, et le culte du dieu bélier, le Chnoum égyptien, avait été repris sous l’époque perse, dans un sanctuaire beaucoup plus magnifique que celui de Iao. M. Clermont-Ganneau, rappelant sur place (3) les anciennes guerres religieuses, nous montrait la rangée des béliers embaumés qu’il avait exhumés du temple égyptien, et évoquait leurs prêtres et leurs adorateurs, frémissants de rage à la vue des Judéens, lorsque le temps de la Pâque amenait pour eux le sacrifice rituel d’un agneau. Quoi d’étonnant qu’ils aient stipendié un officier perse, nommé Widarnag, pour détruire ce foyer d’impiété ? Widarnag le jeta par terre au mois de juillet de l’an 14 de Darius II. Mais une péripétie heureuse pour les Judéens se produisit. Widarnag fut puni, peut-être mis en croix : on ne songea plus qu’à rebâtir le Temple, après avoir dûment revêtu le sac de la pénitence. La grande maison de Iahvé à Jérusalem était sortie de ses ruines par l’autorisation expresse du grand roi. C’est donc là que le chef de la colonie militaire d’Éléphantine, Jedoniah, s’adressa. Il écrivit à Jehohanan, le grand prêtre et à la communauté des prêtres de Jérusalem pour obtenir leur patronage.

A Éléphantine, si loin de la Judée, on croyait sans doute faire œuvre pie en construisant un temple à Iaô. C’était le seul moyen d’entrer en relations avec lui, puisqu’on ne pouvait guère songer au pèlerinage de Jérusalem. Mais au centre du culte, quand, après une lutte plus que séculaire, le seul sanctuaire autorisé par la Loi était seul debout, pouvaiton voir sans inquiétude relever en terre étrangère un temple dont sans doute la volonté du Dieu d’Israël avait décreté la destruction après celle de tous les autels du pays de Canaan ? La lettre de ledoniah ne reçut pas de réponse. Et ce silence lui parut sans doute calculé, puisque dans une seconde missive datée du 20 Marheschewan de la 17e année de Darius, il recourt désormais à Bagoï, représentant ou pacha des Perses en Judée, l’avertissant qu’il écrit dans le même but à Delaïah et à Selemiah, fils de Sanaballat, pacha des Samaritains. Ces derniers surtout devaient s’intéresser à sa cause, puisqu’ils étaient dans une situation analogue. Le (1)Haeres.,XL,5.

(2)I,94.

(3)

RB., 1908, p. 267.