Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/449

Cette page n’a pas encore été corrigée

Voilà enfin l’humanité créée avec une étincelle d’origine divine et préexistante à la manière platonicienne et pythagoricienne, ou d’après la Genèse ? Gayomard, l’homme primitif, ne fournit que l’élément matériel. Si nous avons tant insisté sur un document qu’on nous donne comme un témoignage de l’iranisme primitif, c’est afin de n’avoir plus à discuter des origines du Fils de l’homme, de l’Homme-Dieu, Sauveur et sauvé, et de tout ce qui est sorti de l’imagination érudite de Reitzenstein. La pièce démonstrative est en effet écrasante. pour son système. Laissons tomber ce mystère de salut qui est une mystification. §

2. — Babylone.

D’après la tradition sacrée, Abraham venait d’Our au sud-est de Babylone. L’influence de cette antique patrie sur les traditions hébraïques primitives n’est pas contestée. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. On se demande si, depuis l’exil et surtout depuis la restauration sous Cyrus, l’influence de Babylone s’est exercée sur le judaïsme pour le faire devenir ce qu’il fut. Dans le domaine purement religieux, on concède généralement que l’antinomie était trop accusée, les haines trop fortes pour que les Juifs aient eu même la pensée de s’assimiler quelque chose d’une religion qu’ils exécraient, de ces dieux que lahvé avait vaincus en suscitant Cyrus. Mais dans le domaine de la science, surtout de l’astronomie, les Babyloniens ont été les maîtres des anciens, même des Grecs. On soutient maintenant (1) que la précession des équinoxes, dont on attribuait la découverte à Hipparque (11e s. av. J.-C.) était déjà connue du Babylonien Kidinnu, vers 314 av. J.-C., quoique mal calculée de façon à constituer une grande année de 30.000 ans.

De là l’idée de la Grande année, d’un éon remplacé par un autre éon, et la tendance à utiliser cette donnée pour les conceptions des fins dernières des hommes. De Babylone sortit aussi l’astrologie, cette sœur malfaisante de l’astronomie, dont le pouvoir s’étendit jusqu’en Occident. Tout était écrit d’avance dans le ciel, tout s’accomplissait selon les influences astrales en connaissant sous quelles conjonctions des astres un homme était né, on pouvait prédire quelle serait sa destinée (2). Calculs des périodes, calculs des destinées, rôle des planètes, action incessante des démons, consultation des présages, philtres nuisibles ou préservateurs, talismans, amulettes, c’était tout un attirail d’apparence scientifique qui envahissait le domaine religieux.

(1) SCHNABEL, Berossos, p. 227 ss., d’après BOUSSET, p. 503. (2) CUMONT, Les religions orientales., ch. VII, L’astrologie et

la magie.