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CHAPITRE XV

LA QUESTION DES INFLUENCES ÉTRANGÈRES


Nous avons essayé de montrer comment, sur les thèmes principaux de la nature de Dieu, des destinées d’outre-tombe et du Messie, le judaïsme antérieur avant Jésus-Christ s’était développé, ou au contraire rétréci, à juger d’après les données des Écritures saintes de l’Ancien Testament. Çà et là nous avons rencontré l’objection d’une influence étrangère, que nous avons écartée. Il importe cependant de reprendre toute cette question telle qu’elle est posée par la critique, comme pour une sorte de contre-épreuve.

Bousset, qui a exagéré, nous l’avons vu, les changements du judaïsme par rapport à la religion des prophètes, fait une grande place, dans ces changements, à des doctrines venues du dehors.

Et ce problème est de plus en plus résolu dans ce sens, à mesure que croît l’engouement pour l’histoire comparée des religions. La preuve, dit-on, qu’un développement organique ne peut tout expliquer, c’est la présence de pièces rapportées, semblables à celles qu’on aurait cousues à un vieil habit. Et comment le judaïsme serait-il demeuré fermé à toute influence étrangère dans un temps où la tendance générale est d’assimiler les religions entre elles, sinon de les fondre en une seule ? L’aptitude des Juifs à l’assimilation est prouvée par les livres des Macchabées ; ils la décrivent tout en la déplorant.

Il faut donc parcourir les diverses sources qu’on dit avoir été dérivées dans le judaïsme.


§ 1er L’Iran[1].


L’Iran est une de ces sources, d’après beaucoup de critiques actuels. Cette opinion est soutenue depuis longtemps sous uneforme stéréotypée[2]. Reitzenstein lui a donné un nouvel élan selon un système nouveau.

  1. Les traductions des sources iraniennes : Darmesteter, Le Zend-Avesta. Chr. Bartholomae, Die Gatha’s des Awesta. M. Meillet note que Darmesteter s’est trop laissé guider dans la traduction des Gâthas par la tradition pehlvie, et que Bartholomae a cru traduire des passages dont le sens demeure impénétrable. — Pour les témoignages des anciens : Fontes historiae religionis persicae, collegit Carolus Clemen, Bonnae, 1920.
  2. On nous excusera de renvoyer à deux articles de la Revue biblique, janvier et avril de 1904.