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PREMIÈRE PARTIE

LES DONNÉES ANTÉCÉDENTES


CHAPITRE PREMIER

LA FONDATION DU JUDAISME


§ 1er. — Le peuple et son Dieu avant la captivité de Babylone.


Israël, comme tous les peuples anciens dont nous savons quelque chose, vivait sous l’empire d’une loi, à la fois religieuse et sociale, qu’il croyait lui avoir été donnée par son Dieu. Nier ce point, scruter les textes de son ancienne littérature pour leur arracher cette conclusion qu’il vivait sans se croire astreint à une loi divine et à des préceptes nombreux, serait en faire une nation à part, le soustraire aux conditions de la vie antique chez les Sémites comme chez les tribus asianiques, helléniques ou italiotes. Ce serait lui attribuer une conception rationaliste plus étrangère à son milieu que le caractère spécial qu’il reconnaissait aux opinions de sa loi.

Car cette loi, selon la tradition de tout un peuple, se distinguait de celles des autres peuples par des traits fortement marqués.

Et d’abord c’était une alliance entre la nation et celui qu’elle connaissait pour son Dieu. Entre les dieux des nations et ces nations, les rapports étaient fondés sur la nature. Quels étaient ces liens ? On ne le savait pas exactement. Si le Dieu était invoqué comme un père, un oncle paternel, ou même un frère, ce n’était pas, du moins aux époques historiques, que la tribu se crût issue de son sang. Les Babyloniens, sur lesquels nous sommes le mieux informés, pensaient que les dieux avaient créé les hommes précisément pour s’assurer un culte. Lors même qu’une cité devait se borner à adorer le dieu qui l’avait choisie pour son service, la pluralité des dieux, le polythéisme, était au point de départ de tout le système. Et personne ne savait dans quelles circonstances un dieu s’était acquis une situation privilégiée à tout le moins ne lui avait-elle pas été garantie par un accord solennel.