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CHAPITRE XIII

LES SECTES


Les Pharisiens et les Sadducéens vont toujours ensemble dans les textes de Josèphe. Nous donnons ces textes d’abord, en suivant l’ordre chronologique, non de ses œuvres, mais des faits[1].

Ant., XIII, v, 9 : Dans ce temps-là[2], il y avait trois sectes parmi les Juifs, qui pensaient différemment des choses humaines. On les nommait les Pharisiens, les Sadducéens, les Esséniens. Les Pharisiens disent que certaines choses, mais non pas toutes, sont l’œuvre du Destin, que pour d’autres il est en notre pouvoir qu’elles se produisent ou ne se produisent pas. Le parti des Esséniens montre que le Destin est le maître de tout, que rien n’arrive aux hommes qui ne soit selon son arrêt. Les Sadducéens suppriment le Destin, opinant qu’il n’existe pas et que les choses humaines n’arrivent pas à leur terme par son fait, mais que tout dépend de nous-mêmes, de sorte que nous sommes cause des biens qui nous adviennent, et que nous recevons des maux par suite de notre imprudence.

On se demande si au temps de Jonathan trois sectes pouvaient se fonder sur la question psychologique et théologique de la part relative de la volonté et de l’action divine dans les événements.

Le destin est là pour employer un terme familier aux Grecs. Si on le remplace par Dieu, on s’étonne de voir se former dans une époque, où le culte même de Dieu était mis en cause, trois écoles sur une question aussi difficile et aussi éloignée des préoccupations du grand nombre.

Voici qui est plus dans le train ordinaire des choses. Hyrcan était mal vu des Pharisiens, jaloux de ses succès :

Ant., XIII, x, 5 : Ils ont tant d’autorité sur la foule, qu’on les croit aussitôt, même lorsqu’ils parlent contre le roi et le grand prêtre.

Il n’y avait pas encore de roi. Hyrcan Ier irrité du franc-parler d’un Pharisien qui proférait contre lui une calomnie, et du châtiment très léger que proposaient les autres, abandonne les Pharisiens dont il suivait jusqu’alors les conseils et passe aux Sadducéens : son premier acte est d’abroger les pratiques imposées au peuple par les Pharisiens. Cela paraît

  1. Nous essayons une traduction très littérale.
  2. Au temps de Jonathan, I Macch., xii, 13.