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roi fils de David qui régnera sur Israël dans la terre sainte, c’est un être surnaturel, conçu comme préexistant, investi de sa mission qui sera seulement de vaincre et de châtier les ennemis du peuple de Dieu. Un messianisme purement eschatologique a donc existé au temps de Jésus. Il ne coïncide avec celui du Sauveur que par l’élan qui doit emporter les âmes vers le séjour d’en haut. Mais c’est là un trait commun de la foi des Juifs. Pour tout le reste, il est aux antipodes de cette prédication qui s’appliquait à rendre les hommes meilleurs, qui préparait des ouvriers pour cette œuvre de longue haleine, qui prévoyait le salut de tous, et envisageait le ciel comme la récompense de la bonne volonté exercée sur la terre.


§ 2. Le livre des Paraboles d’Hénoch[1].


On donne ce nom à la plus importante section de la compilation d’Hénoch, les chapitres xxxvii-lxxi : ce sont trois visions d’Hénoch nommées de ce mot hébreu (mâchâl) difficile à traduire qui marque une sentence riche de sens, que l’on a rendu par le grec parabole. Les visions ne ressemblent en rien à des paraboles évangéliques. Le terme est donc impropre, et Gressmann comme Martin diraient volontiers Les discours ou Le livre du Messie. Mais ce titre risquerait d’égarer, car si le livre est tout entier consacré à un être extraordinaire, où des chrétiens pouvaient reconnaître le Messie, son caractère est tout à fait différent de celui du Messie traditionnel des Juifs, par exemple du Messie des psaumes de Salomon. Nous gardons donc le titre usité jusqu’ici, qui traduit, quoiqu’imparfaitement, la désignation de l’auteur hébreu.

Cette œuvre est extrêmement difficile à entendre et même à analyser. Tout le monde est d’accord qu’elle comprend certains éléments adventices ou digressions, qui importent peu au thème principal, et qu’on en distingue par cela même[2]. Mais on ne s’entend pas sur d’autres éléments qui pourraient être étrangers à l’écrit primitif, et qui cependant font partie du thème central de la rédaction, celui de l’Élu, du Fils de l’homme et du Messie.

A propos de ce bloc, on a posé une question préjudicielle. Quelques-uns ont pensé qu’il était d’origine chrétienne[3] : Cette opinion ne semble

  1. Outre les ouvrages généraux sur Hénoch, voir Der Menschensohn des Henoch, von Nils Messel, 1922 (cf. RB., 1922 p. 624). — Der Menschensohn in Henoch, dans Der Messias von Hugo Gressmann († 7 avril 1927), livre posthume en 1929. — Nous reprenons ici tout à nouveau le système ébauché dans Le Messianisme…, p. 87-98. — Toutes nos traductions sont celles de M. Martin, le Livre d’Hénoch.
  2. D’après Martin (p. LXXXIII), ce sont d’abord des fragments noachiques (xxxix, 1-2a ; LIV, 7-LV, 2 ; LX, 1-6 et LXV-LXIX, 25) ; sur Béhémoth et Léviathan (Lx, 7-10, 24-25) ; des données de physique et d’astronomie (XLI, 3-8 ; XLIII ; XLIV ; LIX ;LX,11-23 ; LXIX, 23). ou
  3. Schürer (III,p. 280) cite Hotmann, weisse, HJJgenteld, vommar, viiiiippi.